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Quelques jours chez   AUTODROME   ... retenir le temps

 

 

Cette chronique est un aperçu de l'activité ordinaire d'AUTODROME, laquelle est parfois... extraordinaire !

 

 

 

Ce prototype Ford 3 litres, fut conçu par l'ingénieur Len Bailey, qui avec Eric Broadley avait créé la Ford GT40. Son moteur était le V8 Cosworth des Formule 1 de l'époque, et la grande finesse de son dessin lui permettait d'atteindre 350 km/h. La règlementation du Groupe 6 imposait la présence d'une roue de secours (elle était logée au-dessus de la boîte de vitesses), d'un siège passager, et d'un espace pour les bagages.

 

 

 

 

 Ford P68, ou F3L (1968)

 

 

La P68 a été construite en trois exemplaires. Certains pilotes - John Surtess et Jack Brabham - l'ayant trouvée trop instable, refusèrent de la piloter en course. Sa carrière fut brève et décevante, en raison d'un manque de fiabilité. A son volant, Frank Gardner obtint toutefois une brillante pole-position aux 1000 km de Spa, devançant de quatre secondes la Ford GT40 d'Ickx-Redman.

Elle restera cependant toujours dans notre imaginaire comme une oeuvre qui, à l'évidence, transcende sa nature d'automobile de course. L'objet porte la marque d'une capacité créatrice, d'un talent rare et d'une sorte de magie qui ne s'exprime que difficilement par des mots. Comme on peut le lire dans le roman "A rebours" de H.K Huysmans : "Les choses ordinaires peuvent se dire, les choses extraordinaires ne peuvent que se balbutier".

 

 

 

 

 

 

Octobre 2023

 

C'est une bien triste nouvelle pour ceux qui l'ont connu : Edmond Ciclet nous a quitté. Responsable technique de l'importateur Lamborghini en France dans les années 60-70, Edmond connaissait sur le bout des doigts ces merveilleuses automobiles et leurs secrets. Il avait partagé l'histoire de la marque, devenue légendaire, depuis les débuts en côtoyant en France et en Italie ceux qui l'avaient créée et fait vivre.

Sa passion pour ces mécaniques et son caractère perfectionniste l'avaient conduit à restaurer et entretenir les modèles de Sant'Agata pendant presqu'un demi-siècle. Sa compétence, ses conseils précieux, sa disponibilité et son esprit  la fois exigeant et bienveillant vont nous manquer.

 

 

 

De g. à dr. : Edmond Ciclet, Michel Levy (Autodrome) et Paolo Stanzani, ingénieur en chef Lamborghini dans les années soixante-dix

La photo a été prise en 2007 à Sant'Agata dans le musée de la marque lors d'un rassemblement d'anciens collaborateurs de Lamborghini

 

 

 

La Ferrari 250 LM... ou plutôt les 250 LM

 

 

L'une des plus belles Ferrari de l'Histoire, la 250 LM (plus tard devenue 275 LM) est célèbre pour avoir remporté la sixième victoire consécutive de la marque aux 24 Heures du Mans, en 1965.

 

Sa forme concentre en un dessin puissant et racé l'essence même de la GT à moteur central : aérodynamique fonctionnelle, beauté, et efficacité. Certes, l'homologation ne fut pas obtenue à temps, et elle dut courir en catéorie prototype. Mais la "LM" anticipait ce qu'on appellerait plus tard les "supercars", dont la structure était proche des voitures de compétition, comme la Miura. Il a d'ailleurs existé une version "stradale" (routière) de la LM, qui n'a cependant pas été commercialisée.

 

On ne remarque pas toujours les variations, parfois subtiles, parfois significatives de sa carrosserie. Il y eut notamment deux versions du "nez", l'une courte et l'autre plus longue, signée du carrossier Drogo.

 

 

 

La 250 LM fut présentée fin 1963, finie comme une Grand Tourisme avec d'élégantes roues Borrani (#5149)

Engagée à Sébring en 1964, la voiture fut détruite par un incendie mal maîtrisé (photo ci-dessous)

Elle brûla de nouveau dans les années soixante-dix, seul le moteur et le pont subsistèrent

 

 

 

 

 

1965, la "LM", remporte les 24 Heures du Mans pilotée par Jochen Rindt et Masten Gregory

 

 

Version "stradale" (#6025) : ce premier exemplaire - avec lève-vitres électriques - fut livré à Luigi Chinetti

Un seul autre (#5995) fut ensuite converti dans cette version routière par l'usine

 

 

Deux versions de la partie avant : longue à gauche, courte à droite

 

 

 

La 250 LM #6105GT. Son premier propriétaire fut le pilote britannique Ron Fry : la silhouette est saisissante

Observez le profilage de la cabine, plus long que sur le modèle initial et les prises d'air arrière différentes

Par coïncidence nous avons possédé une Facel Vega (Facel II) qui avait appartenu à Ron Fry

 

 

Au Salon de Paris 1963, à peine arrivée sur le stand, la 250 Le Mans fit sensation

On remarque la position très basse, presque effacée de la prise d'air arrière

 

 

Septembre 2023

 

 

 

 

L'été qui s'achève a été marqué par l'accueil chez Autodrome d'un nouveau constructeur italien, ambitieux, intelligent et sans complexe : Pambufetti Automobili. Ce nom encore inconnu l'an dernier, comme Pagani à ses débuts, a désormais pris réalité et force, avec la présentation d'un spectaculaire premier modèle, qui impressionne par une définition mécanique de tout premier ordre, des performances stratosphériques, un style radical et sensuel, et qui saisit aussi l'imagination par les sonorités vibrantes de l'air et du sol lorsque la puissance est libérée.

 

 

 

 

Pambuffetti PJ-01 : un premier modèle parfaitement abouti et d'un style enthousiasmant

 

 

 

Que deviendra la passionnante entreprise de Juri Pambuffetti, concepteur audacieux qui se confronte d'emblée à la crème de la crème ? L'avenir est vierge, il n'est rien d'impossible.

 

Autodrome a d'ores et déjà décidé de participer activement à son développement et à son implantation dans le monde en devenant importateur exclusif. Nos Clients les plus passionnés n'ont pas manqué de venir découvrir et admirer la PJ-01 exposée dans notre show-room en Juillet. Mais c'est au volant que l'on ressent toute la force et la justesse du concept d'une "Formule 1 pour la route" - et pas seulement "sur" la route. En effet Pambuffetti considère qu'une Hypercar doit être parfaitement conduisible sans restriction, non pas uniquement sur piste, mais partout, y compris en usage de plaisir et de loisir...

 

 

 

 

La sensationnelle hypercar Pambuffetti PJ-01 au repos, entre deux séances de test sur l'autodrome d'Imola

 

 

 

Nous avons remarqué qu'un hommage inavoué a été rendu par Lamborghini à la Pambuffetti PJ-01... En effet pour sa toute nouvelle hypercar de course SC63 la marque de Sant'Agata a choisi de reproduire exactement le schéma de couleurs de la Pambufetti : vert vif, aileron avant noir avec liséré rouge...

 

 

 

 

A gauche, la Pambuffetti JR-01, à droite la Lamborghini SC63... les idées voyagent.

 

 

 

Les automobiles de ce niveau sont rares, plus encore celles qui possèdent un style aussi puissant et original

Cette personnalité unique, italienne jusqu'au coeur montre que la Pambuffetti est bien née - une complète réussite

 

 

 

 

Mai 2023

 

 

 

Prototipo

 

Il est des instants que l'on dit passés, des époques que l'on croit révolues, mais qui pourtant mystérieusement perdurent. Ce que nous imaginons quelque part dans le futur existe peut-être déjà, étrangement. C'est ce qu'évoque le terme prototipo, qui annonce envers et contre tout ce qui n'existe pas (encore).

 

 

 

En mémoire du futur

 

 

 

 

La cathédrale de Milan, impassible, à la mesure des siècles.

 

 

 

Cette inconnue italienne pensée - simplement - comme une monoplace de Formule 1 respire sans turbocompresseur, elle est différente. Ultra-légère, secrète, sa gestation à peine accomplie, elle touche déjà aux cordes sensibles. Un accord d'une harmonie parfaite ? Le futur lui a déjà ouvert une place, hors du déjà-vu. Une naissance est une émotion incomparable, et démarrer une voiture absolument nouvelle, cela vous emporte comme un envol.

 

Plus de sept cent cinquante chevaux, ce n'est pas facile à compter, ni à dompter - mais dans cette machine, vous êtes allongé comme dans une monoplace de course, pour laisser l'air travailler sous la coque, produisant une adhérence stupéfiante - la sensation de prendre part à un Grand Prix.

 

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Pambuffetti JP01 V10 - première construite. A l'assault des pistes, et envoûtante sur la route

Passage de vitesse en moins de temps qu'un clignement de paupières... impossible ? La structure d'une voiture de Grand Prix, un pédalier plus haut que les hanches du pilote... extrême effet de sol ? Deux volants amovibles, un de type F1 pour la piste, un pour la route... pourquoi pas ?

Cette automobile imprégnée de l'âme italienne a été conçue et construite en Ombrie, a Trevi, non loin de Perugia et de Rome. A-t-elle une connexion distante et mystérieuse avec le maître Perugino, et ses toiles énigmatiques ? Il y a des réponses.

 

 

 

Portrait de jeune homme

(Il Perugino, 1495, Galerie des Offices, Florence)

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Très peu de constructeurs sont capables de construire aussi bien des avions que des automobiles. Pambuffetti est de ceux-là : un avion ultra-léger d'acrobatie aérienne - une autre passion de la famille Pambuffetti...

 

Sont restées ainsi dans l'Histoire, la prestigieuse marque Avions Voisin et la très exclusive Bristol. Rolls-Royce a récemment introduit une avion électrique... Qui peut le plus, peut le moins, dit-on. Voler et piloter se rejoignent : instants rares, privilège de franchir les limites, et se griser de pouvoirs qui dépassent la banalité. Bois, carbone, kevlar, une hélice...

 

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Le C205, avion de voltige aérienne créé par Pambuffetti

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Avril 2023

 

 

Une fois n'est pas coutume, voici quelques images d'une rencontre avec d'anciennes automobiles états-uniennes ; photos prises à Cuba ce mois-ci.

Cuba est un pays au caractère unique du fait de son histoire complexe et troublée. Les conquistadores espagnols y débarquent en 1492, point de départ d'une invasion des Amériques par des puissances européennes, qui au prix de massacres, s'approprient les terres et réduisent la population en esclavage (*). Le gouvernement espagnol met en place la traite des Africains, transportés de force à Cuba pour être utilisés comme main d'oeuvre elle aussi soumise à l'esclavage - au total, plus d'un million seront déportés sur l'île.

Après de nombreux épisodes insurrectionnels, une guerre d'indépendance débute en 1896, sous l'impulsion de José Marti. Les Espagnols envoient 280.000 soldats pour mettre un terme à la révolte. La guerre coutera 200.000 vies, 1/8ème de la population. L'armée espagnole crée les premiers camps de concentration connus de l'histoire, regroupant 400.000 déportés civils (accusés par l'armée d'aider les insurgés) ; 100.000 d'entre eux y périront.

En 1898, les Etats-Unis, pour protéger leurs intérêts, envoient des troupes et notamment un croiseur à la Havane. Il explose pour une raison inconnue, tuant 250 soldats. Le drame est imputé aux Espagnols, fournissant le prétexte à une intervention militaire qui aboutit à une capitulation de l'armée espagnole et à l'occupation de Cuba par les Etats-Unis. Celle-ci prend fin en 1902, avec le traité "d'indépendance", avec guillemets puisque les Etats-Unis s'y arrogent explicitement le droit d'intervenir à leur gré dans les affaires intérieures du pays. Par ce traité les USA s'attribuent aussi une partie du territoire cubain et y installent leur base militaire de Guantanamo, où un centre de détention - et de tortures selon le Sénat des USA et l'ONU (**), est toujours en place depuis 2001.

 

Les Etats-Unis interviendront d'ailleurs militairement à quatre reprises au début du XXème siècle. Pendant cette période s'installent sous le contrôle des USA, des pouvoirs autoritaires, voire despotiques, notamment de Gerardo Machado, puis du dictateur militaire Fulgencio Batista. Ce denier, chef des armées dans les années 30 et 40 détenait le pouvoir de fait avec l'appui des Etats-Unis, et sera ''faiseur de présidents'' jusqu'à son coup d'état en 1952, soutenu par Washington. Il renverse le président élu, suspend la constitution, rétablit la peine de mort, interdit le droit de grève, les opposants sont réprimés, exécutés ou torturés.

 

C'est en 1958 que l'ex-avocat Fidel Castro, après avoir été emprisonné pour avoir attaqué une caserne, dénonçant l'extrême pauvreté des conditions de vie du peuple et la corruption de la classe dirigeante, renverse Batista et avec ses partisans s'empare du pouvoir, appuyé par les paysans, après deux ans de guérilla.

Il n'est pas marxiste, mais prône la souveraineté de son pays et l'amélioration des conditions de vie de la population. Après la révolution, des centaines d'opposants sont jugés et exécutés, ou emprisonnés. Il n'existe pas de parti d'opposition. Les grandes propriétés agricoles sont redistribuées au profit de cent mille paysans, et la moitié des terres du pays sont nationalisées. La ségrégation raciale est interdite. L'enseignement est nationalisé et devient gratuit. Une couverture médicale universelle et gratuite est également mise en place. Ces mesures sont toujours en vigeur actuellement. Par ailleurs le mariage "pour" tous y est désormais légal.

Les conditions actuelles sont extrêmement difficiles à Cuba, en raison de l'embargo imposé par les Etats-Unis depuis des décennies, qui bloque le commerce et les échanges économiques et financiers avec les autres pays. Cette mesure extra-territoriale est condamnée par des résolutions de l'ONU, votées chaque année à l'unanimité depuis trente ans, sauf deux pays votant contre (USA et Israël). La crise de la Covid-19 a tari la ressource essentielle du tourisme, et celle liée à la guerre d'Ukraine a aggravé la situation. Elle reste cependant meilleure, sur les plans de la santé, de l'éducation, de la sécurité et des inégalités, que celle des autres pays de la région.   Les Cubains, soumis à ces contraintes, ont le plus grand mal à maintenir en marche les automobiles des années cinquante pourtant indispensables à une vie normale. En raison de l'impossibilité de se procurer des pièces détachées, la remise en état passe souvent par des modifications, où l'astuce et le moindre coût sont de règle, par opposition au concept de ''restauration'' tel que nous l'entendons en Europe. Certaines voitures, originellement munies d'un V8 sont équipées de 6 ou même 4 cylindres, plus économiques et plus faciles d'entretien.

(*) Ces informations sont tirées des sources suivantes : Histoire de Cuba (J.Canton Navarro), Encyclopédie Larrousse.

(**) Selon le rapporteur spécial des Nations Unies, et un Rapport du Sénat des Etats-Unis d'Amérique (voir ici, article en anglais)

 

 

Les curieuses Bilenkin

 

 

Peu de collectionneurs ont entendu parler (encore moins vu de leurs yeux) cette automobile très rare, artisanale, réalisée en Russie par la petite firme Bilenkin, dont l'activité est principalement la restauration. Sur la base d'une BMW Série 3, la voiture est habillée d'une carrosserie assez originale et finie avec luxe. Le résultat est agréable, même si le langage esthétique daté ne plaira pas à tout le monde. A une époque où beaucoup de modèles, et même les hypercars se ressemblent souvent entre elles, cet effort pour créer une voiture dotée d'une personnalité est intéressant.